TGI de Paris : « Le chantier a commencé le jour de la conception du projet »
Parmi les plus impressionnants chantiers de la décennie, celui du tribunal de grande instance de Paris – 104 000 m2 SDP et 160 m de haut érigés dans le XVIIe arrondissement de la capitale dans le cadre d’un PPP (partenariat public-privé) confié à Bouygues Bâtiment Île-de-France – a mobilisé une vingtaine de collaborateurs du Renzo Piano Building Workshop. Ils ont travaillé sans relâche entre 2010 et 2018, sous la houlette de l’historique associé de Renzo Piano, Bernard Plattner. Ce dernier est revenu pour AA sur les tenants et aboutissants de cet imposant ouvrage six mois après sa livraison.
Le tribunal de grande instance (TGI) de Paris fut un chantier pharaonique, l’un des plus compliqués jamais réalisé par RPBW. Près de 142 000 m2 de surface brute de béton, la plus grande coulée ‒ 3 500 m3 ‒ faite en une seule passe, deux énormes centrales de traitement d’air (CTA) délivrant 400 000 m3/h, un nombre incalculable de caméras, de détecteurs, d’enregistreurs en tout genre, plusieurs réseaux informatiques hautement sécurisés, plus de 500 entreprises sous-traitantes et plus de 2 000 ouvriers simultanément sur le chantier… Autant de chiffres qui justifient la fierté de l’entreprise, Bouygues Bâtiment Île-de-France, d’avoir monté en un temps record (trois ans) 135 000 tonnes de béton et construit 55 000 m2 de façade. On en reste étourdi, bluffé et aussi ému par tant d’énergie déployée pour une cause civile, une cause noble d’intérêt général, pour la justice. On est impressionné, et même soulagé, que l’oeuvre soit accomplie, et du rôle qu’on a pu y jouer.
Avant le chantier, il y a la conception, le projet. Il n’est pas l’oeuvre originale, solitaire, de création, dans l’enceinte confinée et feutrée des bureaux d’architectes et d’études. Cette phase est, dès le début, partagée avec les représentants du commanditaire, qui dans le cas du PPP est l’entreprise réalisatrice, laquelle est en même temps le promoteur et l’investisseur et en restera le propriétaire pendant vingt-sept ans. Il s’agit donc bien nécessairement d’un partenariat, non pas celui noué entre le public et le privé, mais d’abord celui noué entre l’architecte, la maîtrise d’oeuvre et l’entreprise. Le jeu commence là et on découvre vite que ce n’est pas David contre Goliath, mais que les idées sont partagées, discutées, quelquefois âprement, et que les ambitions élevées du programme peuvent l’être encore plus par le respect du savoir-faire de chacun.
Retrouvez cet article dans son intégralité dans le dernier numéro d’AA consacré au chantier comme temps du projet.
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