Trame et collage, à l’école belge
En architecture, l’image est un sujet allant du croquis à la photographie, en passant par le plan, la perspective ou encore le rendu photoréaliste. La Belgique semble aujourd’hui faire école et dicter les nouveaux codes de la représentation architecturale : de la trame au collage, jusqu’au bon usage du stylo Bic. Effet de mode ou véritable outil conceptuel ?
En 2014, Nick Sousanis faisait polémique. Le chercheur américain rendait à l’université de Columbia, New York, sa thèse de doctorat sous forme de… bande dessinée. Avec Unflattening (Le Déploiement), il démontrait combien le 9e art permet « d’accéder à d’autres dimensions », notamment par « l’accumulation d’expériences ». En 2018, les architectes Xavier Lelion et Anne‑Sophie Nottebaert prennent le parti de présenter, à Nantes, une exposition originale née d’une publication, d’un « inventaire » de l’architecture wallonne et bruxelloise où des planches de « bédéistes » ont été préférées à des plans, coupes et autres photographies plus traditionnelles (voir extrait, p. 116 à 121). L’initiative est née d’un autre projet éditorial, d’un livre portant sur le Centre Keramis, à La Louvière.
Anne‑Sophie Nottebaert agissait alors en tant qu’architecte au sein d’un collectif créé pour l’occasion, Codelenovi. « Nous avons réfléchi à notre envie de réaliser une bande dessinée. La BD comme art séquentiel est capable de bien évoquer la déambulation spatio‑temporelle ; capacité de flash-back, de saut temporel, de modification d’échelle, de mêler du “micro” et du “macro” », écrivait-elle avec ses associés occasionnels à Jochen Gerner, dessinateur. « Ce projet n’a pas modifié notre pratique. Nous sommes toutefois toujours à la recherche d’un moyen pour communiquer, lors des concours, les différentes phases de notre réflexion. Un projet ne doit pas être la retranscription d’une seule et unique idée », dit-elle. Ce propos n’a rien d’une lubie, bien au contraire, il s’applique parfaitement au métier d’architecte tel qu’il est pratiqué aujourd’hui en Belgique. « S’ il fallait définir l’architecture en Belgique, je dirais qu’ il s’agit d’une architecture de la négociation. Aucun architecte ne s’affranchit de la contingence de la fabrication du projet. L’architecte garde la main sur l’ensemble du processus de construction et l’ ingénieur n’est, dans ce contexte, que sous-traitant », explique‑t‑elle. De fait, le projet est, tout au long du chantier, réajusté dans ses moindres détails. Dans ces circonstances, la communication est essentielle autant avec la maîtrise d’ouvrage qu’avec les entreprises qui travaillent à la bonne réalisation des plans. « Il n’y a pas dès lors qu’un seul et unique dessin issu du concours. Il y a toujours de nombreux “re-dessins” », affirme l’architecte. Kersten Geers et David Van Severen se sont fait, avec OFFICE, leur agence, un nom, mais également une réputation, eux aussi, en matière de graphisme.
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