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La richesse et la diversité de l’architecture marocaine avec les YMAA

YMAA (Young Moroccan Architecture Awards) est une compétition qui vise à mettre en valeur les réalisations architecturales majeures des jeunes architectes Marocains de moins de 45 ans.
Les architectes Fouad Akalay – directeur général du groupe Archimedia et fondateur des YMAA et Taoufik El Oufir, président du jury international des YMAA nous ont accordé une interview pour nous présenter cette competition et son ambition.
Fouad Akalay
Fouad Akalay

L’Architecture d’Aujourd’hui : Vous indiquez sur votre site que ce concours est le premier du genre sur le continent Africain. Comment l’expliquez-vous ? 
Fouad Akalay : Ce genre de concours est organisé partout dans les pays avancés, par des entités bénéficiant d’une certaine légitimité, disposant d’une presse professionnelle établie et dans lesquels le débat architectural est installé depuis longtemps.
Avant que je crée Archimedia, il y a 20 ans, il n’y avait pas de magazines professionnels, ni d’ailleurs de rencontres, ni de débats, ni aucune tribune permanente dédiée à l’architecture, la construction, le design… Depuis deux décennies nous animons cette scène avec nos magazines, nos conférences et autres forums. Ce faisant nous avons vulgarisé auprès du grand public ces métiers et nous sommes devenus auprès des institutions un interlocuteur fiable et sérieux. Plus que ça, nous avons collaboré, avec celles-ci, sur des sujets sensibles quand elles nous ont demandé d’organiser des conférences internationales, afin de bénéficier du réseau d’experts que nous avions tissé et de la maitrise dans l’organisation de ce type de manifestations que sont les rencontres professionnelles. Puis il fallait que nous soyons crédibles et connus à l’étranger et surtout en France – pays avec lequel nous avons des liens très étroits et dont nous partageons la langue. Pour ce faire nous avons exposé, depuis notre création, régulièrement à Batimat, au Mapic, au Mipim et ailleurs encore. Aujourd’hui, après 20 ans d’investissement et de nombreuses initiatives à notre actif, nous pensons que le moment est venu de lancer une compétition comme les YMAA : nous avons la légitimité, la crédibilité, le réseau et l’expertise.

AA : Qu’est-ce qu’un concours d’architecture aujourd’hui selon vous ? Quels sont ses enjeux ?
FA : Dans les pays en développement les architectes ont de la peine à s’affirmer. Au Maroc on estime que ces derniers interviennent seulement pour 10 à 15 % dans l’acte de bâtir. Leurs prérogatives sont confisquées par les dessinateurs et les adjoints techniques des collectivités locales et autres lieux du pouvoir urbain ; ces derniers trouvent des complicités au sein même de la confrérie : les architectes signataires. Un véritable fléau contre lequel sévit l’Ordre des architectes avec plus ou moins de réussite.
Mais si l’avocat qui veut construire la villa de ses rêves, le médecin construire sa clinique ou encore le cuisinier agencer son nouveau restaurant,  ne pensent pas faire appel à un architecte, c’est d’abord qu’ils ne sont pas conscients de ce que peut leur apporter ce professionnel.
C’est pourquoi, il est primordial d’éduquer et d’informer le citoyen marocain sur l’apport de l’architecte dans sa vie sociale, celle de tous les jours. Ce dernier dessine le logement dans lequel il s’est réveillé le matin, les bureaux dans lesquels il a travaillé, le restaurant dans lequel il a déjeuné, le square dans lequel il s’est reposé, le centre commercial où il s’est promené … jusqu’au soir l’architecte est omniprésent.
C’est donc un enjeu important de vulgariser ce métier et de faire connaitre à un large public les résultats de cette compétition. Et c’est la raison pour laquelle nous avons conclu des partenariats avec des médias nationaux grand public de premier plan comme Le Matin ou la chaine de télévision 2M.

AA : Architectes, journalistes, professeurs. Pouvez-vous nous présenter rapidement le jury et nous expliquer les choix faits pour sa composition ?
FA : D’abord tous les membres du jury sont des architectes sans exception. Ensuite on l’a voulu international car dans notre démarche depuis 20 ans, nous pratiquons une ouverture vers les autres pays ce que nous estimons être une richesse. Le Maroc a été un laboratoire de l’architecture mondiale, il faut qu’il continue de l’être.
Puis à côté du président marocain, Taoufik El Oufir, nous avons un invité d’honneur qui est Christian De Portzamparc, premier lauréat français du Pritzker Price. Pour les années à venir nous reconduirons ce choix d’invité d’honneur, qui sera un grand ou une grande praticienne de la scène architecturale internationale.
Nous avons tenu à inviter des praticiens à la double vocation : Debora Giorgi, architecte-chercheuse, Rachid Khayatey architecte-promoteur, Karim Hendili un expert du patrimoine etc.

AA : Les YMAA comptent 32 catégories, c’est un nombre important. Comment expliquez-vous ce choix ?
FA : Vous avez raison de le souligner. Sans étude précise, avant le lancement de cette compétition, nous ne savions pas très bien dans quels secteurs étaient présents ces jeunes architectes : il y a des domaines de désintérêt (la conception lumière) ou ceux inaccessibles aux jeunes architectes (la restauration du patrimoine), le pré carré étant bien gardé par les « vieux » et ce malgré la présence sur le marché des nombreux jeunes lauréats du récent master en patrimoine. Des qualifications mais pas de travail ! Peut-être n’allons-nous pas primer certaines catégories et dans deux ans auront mieux circonscrit les centres d’intérêt des jeunes architectes et redéfiniront alors les catégories.

Taoufik El Oufir
Taoufik El Oufir

AA : Les YMAA Awards veulent révéler au monde le talent des jeunes architectes marocains. Quelles sont les spécificités de l’architecture marocaine et comment imaginez-vous son avenir ?
Taoufik El Oufir : La richesse, la diversité et la splendeur de l’architecture marocaine est universelle et n’est plus à prouver. En effet, elle puise ses qualités dans des influences qui remontent au passé lointain. L’Andalousie et les différentes formes artistiques de l’art arabo-musulman trouvent leur plein épanouissement dans l’architecture traditionnelle marocaine laissant la trace de l’expression à travers de magnifiques chefs d’œuvres d’artistes et d’artisans. On y admire la finesse, l’ornementation, la cohérence de matériaux et le génie créateur cumulé par un grand passé chargé d’histoire où les détails sont subordonnés à l’ensemble dans une ultime symbiose : Riads, Kasbahs et Maisons traditionnelles demeurent des sources intarissables d’inspiration et d’enseignement pour l’art architectural et confère au Maroc une expression artistique qui lui est propre et un patrimoine architectural insolite. L’architecture marocaine à l’épreuve des mutations se retrouve dans une dialectique : d’une part elle doit s’adapter à bon escient à la  modernisation sans perdre de vue les besoins pressants des citoyens auxquels elle est destinée servir ; et d’autre part elle ne doit pas fausser la lecture de ses fondements dans lesquels elle est fortement enracinée et qui relatent l’histoire d’une civilisation marquée par une succession de dynasties.
La jeunesse est sans conteste apte à relever ce défi, elle est encouragée par l’ouverture sur le monde, consciente de l’évolution et perméable aux nouvelles tendances contemporaines qui s’annoncent prometteuses à travers leurs travaux.

 

La date limite d’inscription aux YMAA est fixée au 10 octobre 2020. Pour obtenir plus d'information ou pour vous inscrire, rendez-vous sur le site de YMAA.

                            

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